1/1/1987 Unknown Source
The Cure A Rebours
5... 4... 3... 2... 1... Le Cure á rebours a commencé depuis deux semaines.
Dans tous les magazines rock, à la télévision, sur la bande F.M., c’est la chasse aux interviews, la course aux photos pour accompagner la sortie mondiale, dans moins de 24 heures, du nouvel album de Robert Smith.
Le compte à rebours s’arrêtera demain sur le pas de la porte des disquaires, et là un nouveau compte commencera. Davantage réclamé que la dernier Peter Gabriel? Moins que le coffret Springsteen? Autant que la nouveau petit Prince? Les tiroirs-caisses rendront un premier verdict dans quelques jours. D’ores et déjà, et compte rendu des précommandes (500 rien que pour la F.N.A.C. Nice), l’opération s’avère payante. De quoi se congratuler chez Fiction Records et chez Polydor: « Kiss me, kiss me, kiss me… »
Il faut dire que la campagne a été habilement dosée avec des informations compte-gouttes dispensées tout au long d’un interminable hiver (où sont-ils? Que font-ils?). Avec juste un petit échantillon, 45 tours + clip, offert au printemps pour calmer les plus nerveux. En écoutent cd « Why can’t I be you? », en voyent Robert Smith danser comme un ours à la T.V., les plus inquiets d’entre nous ont été soulagés. 1) La groupe joue (- s’amuse comme avant, au temps des joyeuseries « Love cats ». 2) Les cheveux de Robert, coupés catastrophiquement en brosse l’été dernier, juste avant le concert de Fréjus, ont enfin repoussé. Plus de trace de ce Tchernobyl capillaire qui a fait tant de victimes parmi les innombrables clones du groupe.
Nice-Londres
Du côté de la presse spécialisée, tous les moyens auront été bons jusqu’à ce soir minuit, pour se tirer gentiment la bourre entre chers confrères.
Les plus entreprenants ont été rejoindre le groupe en Amérique latine pour écouter en concert ces fameuses nouvelles chansons top secrètes. Coup de soleil et bousculade monstre à Buenos Aires: 70 blessés!
Les plus agiles ont réussi à coincer le groupe entre deux avions à Paris, ont photographié à la sauvette la pochette écarlate du double L.P. (un gros plan provo du rouge aux lèvres du chanteur), et ont pu écouter au siège de la compagnie de disque, les dix-huit chansons à la file, sans interruption et sans retour en arrière. Cul sec at vertige émotionnel!
Les plus entreprenants, comme le « Mag », ont monté une « opération tenaille » entre Nice et Londres. Dans un cinéma proche de Marble Arch, Pierre Perrone a rejoint l'équipe qui présentait « The Cure in Orange ». Sous prétexte de s'intéresser au filme de Tim Pope, il obtenait quelques détails sur la futur séjour azuréen du groupe. Il ne restait plus ensuite qu'à attirer les Cure vers Cannes, attendre, et cueillir au vol toute la bande (- l'enregistrement), piégée dans la nasse inextricable du festival.
Quiproquos
Venu sur la côte pou se détandre, participer incidemment à une télé, réaliser par-ci par-là quelques bouts de films (qui servirotn de décors animés pour leurs prochains concerts européens en automne), le groupe s'est donc retrouvé au bord d'une Croisette en ébullition qui traquait ce jour-là Liz Taylor, cherchait partout John Travolta et n'avait rien prévu pour eux!
Que faire de ces cinq garçons mai habillés, mai rasés, pilotés dans des Mercedes de chefs d'Etat et poursuivisen permanence par quelque 200 jeunes sosies, débarqués là en même temps, on ne sait trop comment?
Caché derrière ses mains jointes, Robert Smith, le héros involontaire de ce festival de quiproquos, en rit encore…
- M.2.P.
« Mon album préféré... »
- L'ENREGISTREMENT
Robert Smith: Il s'est déroulé pendant plusieurs semaines, l'automne dernier au studio Miraval près de Brignoles, au milieu des vignes, dans un cadre agréable. Nous vivions là-bas en famille, très décontractés, dans trois petites maisons isolées et protégées. Au départ, je disposais déjá de plusieurs dizaines de très bonnes chansons que j'aimais particulièrement. Sur place j'ai continué à écrire et à composer. Les autres apportaient aussi leurs idées et leurs propres compos… Un matin, c'était un jeudi, je m'en souviens, j'ai décidé qu'il serait donimage, de se limiter et une dizaine de titres et l'idée d'un double album s'est imposée… Finalement de sélections en éliminations on est arrivé à 18 titres. Plus tous ceux qui paraitront sur les faces B des futurs singles…
- DES INNOVATIONS?
R.S.: Oui et not. Ce disque est important dans la mesure où il représente une somme, une combinaison de beaucoup de choses que nous avons déjà réalisées au cours des dix dernières années. Il n'y a pas un concept global, mais plusiers directions possibles. Funk (« Hot, hot, hot »), rhythm 'n' blues (« Hey you ») et meme 'Motown' comme le single actuel… Cet album si varié a été un réel plaisir, un divertissement, certainement le dernier de Cure à posséder cette forme… Le prochain sera totalement différent… sans doute plus difficile… Nous sommes arrivés à une période charnière: une moitié de ce disque regarde en arrière, l'autre vers l'avenir…
- ALORS CONTENT?
R.S.: Oui. C'est mon album préféré depuis « Pornography » et je l'écoute souvent pour me faire plaisir…